
Un monde étrange 奇域
À l’occasion de la Semaine Internationale de la Photographie de Chengdu, le Nouveau Musée National de Monaco et le Chengdu Contemporary Image Museum ont souhaité ouvrir leur collection et proposer sur le thème de l’étrange, et parfois du merveilleux, une sélection d’œuvres d’artistes internationaux : des photographes pour le Chengdu Contemporary Image Museum et des videastes pour le Nouveau Musée National de Monaco.
值首届成都国际摄影周之际,成都当代影像馆携手摩纳哥新国家博物馆(le Nouveau Musée National de Monaco)以“奇域”为主题,从各自的珍贵馆藏中,精心挑选了多位国际艺术家的作品,成都当代影像馆和摩纳哥新国家博物馆分别为大家呈现的是摄影作品和视频作品。
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异域之感
策展人:纪尧姆·德·萨德斯 & 让-吕克·蒙特罗索
超现实主义者是第一批从艺术观点对“异质性”感兴趣的人。早在1924年第一篇《超现实主义宣言》开始,安德烈·布勒东就挑出“惊艳(merveilleux)”一词作为他新美学大厦的核心——我们得从 “抽离普通事物”的意义来理解这个词:“惊艳永远是美丽的,任何惊艳之物都是美丽的。唯有惊艳之物才是美丽的。”布勒东也由此开创了一条贯穿整个20世纪以至今日的艺术之路,后继者接力承续他的事业。这条美学之路横跨所有艺术领域,也许尤其针对视频艺术领域。具备多变特质的视频艺术,尤其适合寄身超现实主义的“惊艳”之中。
超现实主义诞生已近百年,是时候叩问视频艺术家们一个问题了——他们是通过视频展现或是引发“异域之感”的。“异域之感”为何如此难以界定,又是为何难以编译为动态影像。或者倒过来问,动态影像何以制造“异域之感”?解答这个问题的出发点便是“自然”。 正如17世纪那些令人神往的珍宝柜已经证明的那样,“自然”总是引人入胜。而这个问题的终点,则是我们无法抵达的。在这条探索之路上,我们将在追寻梦想中蓦然忘我。
这段探索异域的旅程不能没有向导。有谁比刘易斯·卡罗尔笔下的爱丽丝更适合这个角色呢?借助奥利弗·皮尔的画笔,我们跟随爱丽丝跳进兔子洞,这价值堪比穿越镜子平面,抵达奇异之地。跟随爱丽丝的脚步,我们还将继续发问:“自然”是否本身具备“异域之感”(如让·潘莱维拍摄的电影《八爪鱼》)?“异域之感”是否只是源自观察事物的角度(如安格·莱西亚的影片里,大海是竖直拍摄的)?“异域之感”是否只是源于我们未及了解之事(如莱蒂西亚·拉莫斯与阿德里安·米西卡拍摄的那些诗意而神秘的影片)?又或者恰恰相反,只是现实事物的似是而非(拉蒂法·埃恰赫奇拍摄的程式化自动装置)?又或者,“异域之感”源于南辕北辙之物的碰撞(如克莱门特·科吉托雷的影片中,吕利的音乐配搭上了街舞)?如此之多的问题,就像版图囊括的范围内无数条纵横交错的小路,无法被标注。
这趟旅程既然是在超现实主义的大纛之下前行,那么未途径超现实主义领域这个弯道的旅途必不完整。我们会聚焦于超现实主义运动的两大典型主题。首先,镜子。正如雷内·玛格丽特的画作《禁止复制》(La Reproduction interdite)一样,芭蕾舞女与因卡·肖尼巴尔转录的装置艺术也不雷同。“异域之感”因此成为一种困扰。第二,爱。爱也是一种困扰,但是更深更久。难道人们不是说,他们爱之所至、心神激荡吗?布勒东不也写了《疯狂的爱》(L’Amour fou)吗?爱,也是法兰契斯柯·维佐里影片的中心主题,这位意大利艺术家细腻敏锐,他的双眼即便在闭上眼睑之际也在博观约取……这也是让·谷克多《奥菲的遗言》(Testament d’Orphée)的致敬,还有去看的、去看万事万物的欲望。做一个先知者,像兰波一样。
除特邀艺术家法兰契斯柯·维佐里的影像作品外,这次展览的作品均来自摩纳哥新国家博物馆的珍贵馆藏。
Le sentiment de l’étrange
Commissaires de l’exposition :
Guillaume de Sardes & Jean-Luc Monterosso
Les Surréalistes ont été les premiers à s’intéresser à l’étrangeté d’un point de vue artistique. Dès le premier Manifeste de 1924, André Breton fait du merveilleux (le mot doit être pris au sens de ce qui s’éloigne du cours ordinaire des choses) le centre d’une nouvelle esthétique : « Le merveilleux est toujours beau, n’importe quel merveilleux est beau. Il n’y a même que le merveilleux qui soit beau. » Il ouvrait ainsi une voie qui devait être empruntée par d’autres tout au long du XXe siècle et jusqu’à aujourd’hui. Cette voie a traversé tous les champs artistiques, y compris et peut-être surtout celui de la vidéo qui, par sa nature ondoyante, s’y prête particulièrement.
Près d’un siècle après la naissance du Surréalisme, il était donc temps d’interroger la manière dont les vidéastes ont pu représenter ou susciter le sentiment de l’étrange à travers leurs films. Comment un sentiment si difficile à définir peut-il se traduire dans des images en mouvement et, inversement, comment des images en mouvement peuvent-elles créer ce sentiment ? Le point de départ de cette exploration est la nature, laquelle n’a cessé d’intriguer les hommes, comme en témoignaient déjà les cabinets de curiosités au XVIIe siècle. Le point d’arrivée est lui impossible à atteindre. En chemin, on se sera perdu en plein rêve.
Un tel voyage à travers l’étrangeté ne peut se faire sans guide. Qui mieux qu’Alice, le personnage de Lewis Caroll, pourrait tenir ce rôle ? Revue par Olivier Beer, on la suivra dans sa chute, qui a valeur de traversée du miroir, jusqu’au pays des merveilles. Avec elle, on posera successivement ces questions : la nature est-elle étrange en soi (comme les pieuvres filmées par Jean Painlevé) ? L’étrangeté ne vient-elle pas plutôt du point de vue porté sur les choses (comme dans la vidéo d’Ange Leccia où la mer est projetée à la verticale) ? Le sentiment de l’étrange est-il suscité par ce que l’on ne reconnaît pas (comme dans les vidéos poétiques et mystérieuses de Laeticia Ramos et d’Adrien Missika) ou, au contraire, par de fausses ressemblances (comme devant les automates stéréotypés filmés par Latifa Echakhch) ? À moins que le sentiment de l’étrange ne naisse de la rencontre des dissemblances (comme chez Clément Cogitore quand la musique de Lully accompagne de la danse de rue) ? Autant de questions, comme autant de pistes qui sillonnent un pays impossible à cartographier.
Ce voyage placé sous les auspices du Surréalisme serait incomplet sans un détour par cette région. On s’attardera sur deux motifs typiques de ce mouvement. D’abord, le miroir. Comme dans La Reproduction interdite de Magritte, la ballerine et son reflet filmés par Yinka Shonibare ne coïncident pas. Le sentiment de l’étrange devient alors un trouble. Ensuite, l’amour. Un trouble encore, mais plus profond et durable. Ne dit-on pas aimer à en perdre la tête ? Breton n’a-t-il pas raconté L’Amour fou ? C’est le thème central de la vidéo de Francesco Vezzoli, artiste italien à l’érudition tendre, dont les yeux restent ouverts même quand ses paupières sont closes… Hommage au Testament d’Orphée de Cocteau et au désir de voir, de tout voir. D’être voyant, comme Rimbaud.
Cette exposition est réalisée à partir des collections du Nouveau Musée National de Monaco à l’exception de la vidéo de Francesco Vezzoli, artiste invité.